Je partage dans cet article un extrait de mon mémoire de master en art-thérapie à Paris 8 en 2014 dont le titre est: « Image du corps et image de soi en art-thérapie« . Je voulais montrer comment lors d’une séance d’art-thérapie l’image de soi se symbolise par une image du corps c’est à dire par la perception subjective du corps qui exprime une histoire.
Comme dans un feuilleton vous pourrez suivre quelques séance d’art-thérapie avec des analyses d’images produites par une même personne pendant les séances. Ces interprétations prennent sens dans un contexte global sur le long terme qui est le processus de la thérapie: les comportements de la personne, les échanges psychanalytiques, les émotions ressenties par la personne pendant les séances, la comparaison avec les autres images.
Séance 1: le dessin du rêve
Dans l’atelier F me raconte un rêve qu’elle a noté sur son petit carnet et dont elle a fait plusieurs croquis : dans ce rêve elle plane dans les airs et s’envole dans la lumière. Elle ressent une grande impression de bien-être et de libération. Ici F me révèle son désir de « se lâcher » comme elle l’avait déjà exprimé dans les cours de peinture, elle désire une peinture gestuelle avec les mouvements du corps libres, affranchis du poids de toute contrainte. On voit que le plaisir et la liberté du corps sont en jeu dans ce rêve.
Elle choisit un croquis qui illustre bien cela et le dessine en grand format .Le dessin terminé, nous en parlons. Elle dit qu’elle n’arrive pas à se laisser aller dans ce dessin, elle reste « bloquée » et ne peut pas exprimer cette impression de vol et de liberté. En effet son dessin est compartimenté avec des formes plutôt raides et géométriques qui n’expriment pas la fluidité et la liberté mais le contraire. Je note une forme en éclair au milieu de la feuille assez agressive et qui coupe le dessin en deux. Je lui demande de continuer de noter et dessiner ses rêves pour la prochaine séance.
L’écriture, elle-même, au sein d’atelier de formation à visée thérapeutique ou du moins réflexive, se place comme médiation, un pas de côté, façon d’approcher un processus créatif, une expression au plus près des savoir-faire des patients et des soignants. Une des questions de l’écriture et de la lecture envisagées, vécues comme thérapeutique, sous-tend le patient et le soignant porteurs d’une histoire en jeu dans la relation. L’ écoute empathique des malades. Le sens du terme thérapeutique est entendu comme un ensemble de gestes et d’attitudes qui englobent le confort du patient-e. Proximité et emprunt du terme care dans la langue anglaise.
La médecine narrative
Deux objectifs de la médecine narrative : établir une relation médecin-malade de qualité et d’aider les soignants à réfléchir sur un métier dont l’exercice leur fait côtoyer quotidiennement la souffrance et la mort (Goupy et Le Jeunne, 2016, p.15).
Venir (Etre) avec soi, entendre et écouter les échos d’une situation soignante : approcher l’inconnu présent dans l’acte technique et la parole, celle qui touche un point vital, l’accompagnement vers la mort, par exemple. L’unité, quel juste mot, des soins palliatifs, espace explicite, cherche et recherche la place et la présence des mots tout comme le silence au chevet du patient-e et de sa famille. Espace de transition, d’émotions concentrées où le récit est là, accompagne la personne dans sa fin de vie.
Se former à la pratique du soin, questionner les gestes et les ressentis sont objets de formation. « La première fois où j’ai été confronté à la mort », « quand j’ai vu la famille divisée au chevet du patient, je me suis dit… », « mon impossibilité à… ». Ces incipit, propositions d’écriture dans l’atelier, à partir de phrases entendues, viennent là, amorcer le récit d’un retour sur la pratique du soignant-e. En atelier d’écriture avec les soignants, nous visitons ou revisitons la part sensible engagée dans l’acte du soin. L’appui sur des textes tels ceux de font témoignages d’un récit : fiction vivante.
Origine de la médecine narrative.
Revenons aux mots médecine narrative. Elle, la médecine narrative, situe une nouvelle approche des soins, dès les années 2000 (Rita Charon, Université de Colombia aux Etats-Unis en 2000) centrés sur le patient. La formation des soignants transmet des outils puissants pour « reconnaître, absorber, interpréter et métaboliser les histoires de maladie » (La médecine narrative, une révolution pédagogique ? sous la direction des Pr François Goupy et Pr Claire Le Jeune préfacé par Rita Charon, Med-Line, 2018).
La médecine en tant que discipline professionnelle fait partie des Humanités : connaissances et savoirs intrinsèquement liés à une pratique : une proximité relationnelle inhérente à l’exercice du métier. A une éthique. Articulation des savoirs de connaissances et d’expériences.
Le récit.
La médecine narrative se saisit du récit, des histoires, de fils tissés. Une histoire de temps et de perceptions temporelles multiples : une relation.
La relation entre le sujet et l’autre, la relation thérapeutique est au cœur des soins (le care). Nous le savons, avons entendu des phrases telles que « mon médecin traitant (bien-traitant) », « je te recommande untel, il est sympa, il a compris, il a pris le temps de… ». Martin Winkler notamment dans le Chœur des femmes raconte la pratique d’un médecin gynécologue expérimenté. Ce dernier reçoit une stagiaire brillante, impatiente. Impatiente de comprendre au premier regard la pathologie de la jeune femme venue consultée. Efficace regard, réponse convoquée, problème réglée. Aux côtés de ce médecin, elle découvre la lenteur, les raisons non explicites à première vue d’une consultation. Recevoir, écouter cette jeune patiente qui vient (juste) pour donner de ses nouvelles, raconter, être écouter par « son » gynécologue, seul confident de sa vie d’adolescente bouleversée par sa vie sexuelle. Elle, stagiaire, le comprendra au fil de son stage.
Un séminaire associé à la Chaire de philosophie, médecine et éthique du soin, se nomme « Ralentir travaux ». « Ralentir travaux » est une reprise du texte (titre) de Paul Eluard, de René Char, d’André Breton crée en Vaucluse (1930). Opération d’éparpillement au vent de la poésie déjà construite produit une transformation du style et du regard automatiquement construit. Regarder, déconstruire pour observer une éthique du soin en l’écrivant est la démarche suivie par la médecine préventive.
La patience du soignant, sa recherche du pourquoi cette consultation, « que me demande ce patient, cette patiente, à moi, soignant-e ? ». Réciproquement, le sujet malade, personne à part entière, interroge le,la soignant-e dont le savoir et l’expérience sont mis au service d’une relation naissante. L’écriture de la maladie par le patient, sa maladie, ses ressentis.
Je reprends ce titre « Ralentir travaux » évocateur d’un temps recherché, retrouvé parfois à écouter, à écrire, à réfléchir par le recueil du récit du patient et du soignant dans une pratique soignante. Quel rapport ai-je avec la souffrance, la mort ? Comment je vis cet épisode irrémédiable qu’est la mort ? Comment l’écriture et la lecture composent et recomposent cet éparpillement du moment ? Comment soigner en rassemblant, en créant par la métamorphose des récits (fils de vie) une relation de confiance ? Ecrire en son nom, être au coeur du récit de la pratique, être sujet de son écriture.
L’atelier d’écriture
De ma place d’animatrice, l’atelier d’écriture est le lieu où s’expérimente la lecture (support littéraire), l’écriture et le regard distancié lié à la pratique soignante. De façon explicite, l’atelier d’écriture est un espace où se dépose des histoires de vie avec trois étapes pour le médecin selon la méthode de Rita Charon :
– L’attention à l’autre, au texte écrit en atelier et lu. Ce partage demande un respect et une absence de jugement à propos de son propre texte et celui d’un autre participant de l’atelier
– La représentation soit donner forme au récit produit et entendu. Quel est le rapport que j’entretiens, que chacun-e, avec la maladie, avec cette patient-e, avec la mort ?
– L’affiliation entre médecin et patient-e ou entre soignants et ses effets : empathie, coopération renforcée, confiance.
Concrètement, le passage par l’écrit permet pour celui ou celle qui recueille le témoignage une distance réflexive plus grande que l’oral vis-à-vis de ce qui lui est apporté : peser les mots, organiser les idées, dissocier le temps d’écriture du texte et du temps de partage. L’écriture est un bon support de réflexivité
La forme sollicitée est celle du récit. La nécessité de prendre en compte le contexte de son énonciation : qui parle à qui ? où ? quand ?
L’organisation des idées par le narrateur-trice dont la posture n’est pas celle de l’auteur. Façon de repérer la distance et le degré d’implication dans l’histoire. Stratège pour mettre en scène un désarroi par exemple. Le « dessous » du soin.
L’animatrice d’atelier que je suis veille à favoriser l’écriture de récits, à mesurer les difficultés (écrire, dire, narrer) ainsi que la recherche de plaisir et de la créativité.
Les retours, sans interprétation ni analyse, sur les textes repèrent le choix des mots, la relation du scripteur avec son accompagnement et aussi la nature effective de l’écrit. Exemple : quel est le genre de l’écrit (prose, document administratif légal…), la métaphore dominante, l’intrigue, le sens et le désir donné par l’auteur ? Quelle portée, quelle envie de partage ? Les textes sont lus au sein du groupe et commenté par chaque participant-e. Sont force d’apprentissage pour l’écriture de chacun.
L’atelier d’écriture : une pratique formative.
Bref descriptif du déroulement de la formation aux écrits auprès de soignant-es (nous parlons de soignants indifféremment de leur profession : anesthésiste, aide-soignant, médecin, infirmier):
après une présentation du dispositif de l’atelier, écriture et lecture dans un cadre de confidentialité, un recueil des attentes, la constitution de l’entité groupe sera primordial pour créer des interactions et une « boite » de résonnance en capacité d’initier une analyse de pratiques soignantes.
lectures de textes issus de la littérature (cf références littéraires citées plus haut dans le texte) organisées autour d’une thématique : l’accueil, les premières fois de la rencontre soignant-e, patient-es, le temps. Le choix des textes diversifiés traverse la littérature du polar à la poésie. L’éventail est suffisamment large pour créer une référence bibliographique hétéroclite.
proposition d’écriture à propos d’un élément tel « la première fois où je suis arrivée dans la chambre de… » ; ou bien encore « dès que j’ai enfilé ma blouse… »
temps d’écriture
temps de lecture et de partage à propos des textes : retour sur les mots utilisés, les images crées par ceux-ci.
La réflexion, à partir des textes écrits par les participant-es, s’enracine, dans le récit du soignant-e, conduit l’analyse de sa pratique sans jugement ni interprétation.
La formation aux écrits est la prise en compte de la dimension sensible engagée dans le soin. L’implication du registre émotionnel, sa reconnaissance, prend place, à sa place dans sa participation à l’acte de soin.
Il va s’agir pour l’animatrice, l’animateur de l’atelier de guider l’écriture nourrie de recueil de récits apportés par le soignant-e. Au préalable, en tant qu’animatrice de l’atelier, j’ai expérimenté l’écriture de mon propre récit de vie avec ses fêlures et ses souffrances. Ainsi que la formation à la supervision, analyse de pratique concomitante à l’engagement dans un travail psychanalytique.
Le préalable et l’expérience de la pratique de l’écriture narrative en milieu de soin sont de favoriser des bienfaits comme accroissement de la créativité personnelle, de la connaissance de soi, de la compréhension des autres et une sensation de plaisir esthétique intense » ( Charon, 2015, p.18).
Cet atelier d’écriture s’inscrit dans la formation des soignants, il est parti prenant de l’approche du soin dans l’interaction crée par la relation où se rencontrent et s’ajustent des subjectivités au cœur du soin.
Je vous souhaite d’abord une année 2021 sensible, humaine, riche en contacts physiques, une année où nous pourrons à nouveau être proches, se toucher, s’embrasser, faire la fête !
Nous sommes un corps
Nous sommes déprimés quand nous ne nous touchons pas. En ce moment plus que jamais nous réalisons l’importance du toucher.
En tant que psychothérapie par le toucher, l’art thérapie par les arts plastiques permet de se réapproprier une sensibilité tactile. En touchant la terre ou la peinture, une mémoire tactile très ancienne se réveille .
Nous avons voulu oublier que nous sommes des animaux, que nous n’avons pas un corps mais que nous sommes un corps. N’oublions pas que ce qui définit notre humanité c’est notre ouverture au monde, notre dépendance à cet environnement dans lequel nous naissons.
Nous ne sommes pas des êtres purement intelligibles, coupés du monde extérieur, étrangers à la nature. Nous faisons partie de cette nature et nous en dépendons : nous avons besoin d’air, de nourriture, de lumière, de verdure, de fleurs, d’animaux, d’eau. La matière n’est pas sale, elle nous constitue. Nous sommes chair parmi les chairs, ouverts au monde avec d’autres. En constante interaction.
Acceptons cette dépendance ; la mort, la maladie mais aussi la vie, l’amour. Acceptons d’être fragiles et sensibles et transformons cela en force. Jamais nous ne deviendrons des êtres sans corps, jamais nous ne serons remplacés par des robots et nous ne le voulons pas.
Nous ne voulons pas communiquer par écrans interposés, nous voulons voir nos visages, nos sourires et nous toucher. N’acceptons pas cette déshumanisation qui fait le profit des puissances du net, désireuse d’accroître leur richesse quitte à ce que nous tombions tous en dépression.
Notre sensibilité a de la valeur et du sens
Soyons fiers de notre corps et de notre sensibilité qui ont toujours été dévalorisés depuis l’idéalisme platonicien rangeant le bien, la vérité du côté d’une âme sans corps, masculine. Rangeant le mal et la fausseté du côté du corps, de la nature, du féminin. Cette dévalorisation du corps et de la subjectivité, de l’affectivité est une stratégie de pouvoir. Car qui ne sait pas ce qu’il ressent, qui perd confiance dans son ressenti se cherche un maître et devient donc l’esclave de ceux qui prétendent détenir la vérité. Revendiquons la valeur de notre subjectivité, de notre sensualité.
Nous irons mieux en touchant
Ainsi dans cette tradition dans laquelle nous vivons encore et qui suit une logique d’exploitation et de domination, le toucher fait peur. Toucher c’est sale. C’est pourquoi certains rêvent de sexualité sans toucher, le sexe par Internet se développe.
Pourtant le psychanalyste Boris Cyrulnik a montré l’importance d’être en contact physique les uns avec les autres. Il a prouvé que lorsque nous nous isolons sensoriellement; par exemple lorsque nous déprimons et que nous voulons voir personne, cela crée des lésions neuronales. Dès que nous sommes à nouveau en contact avec d’autres, notre cerveau fonctionne mieux. Il a prouvé qu’un bébé qui n’est pas touché ne se développe pas et finit par mourir. Si en ce moment nous avons besoins des ordinateurs, il ne faut pas nous y habituer.
Ne laissons pas s’installer une société froide et lisse comme l’écran. Prenons conscience de l’importance pour notre épanouissement du toucher. Les personnes psychotiques qui n’ont pas conscience des limites de leur corps par le toucher souffrent énormément.
Une thérapie par le toucher
Ainsi en art thérapie je propose une thérapie par le toucher. Il s’agit de retrouver un contact sensoriel avec la matière : la terre ou la peinture. La personne peint directement avec les mains et modèle avec les mains retrouvant ainsi le toucher par lequel le petit enfant découvre le monde. Retrouvant cette part de jeu et de contact direct avec la matière, retrouvant cette créativité, cette spontanéité d’un rapport au monde par trop dicté par l’intellect de l’adulte qu’il est devenu. Un adulte ne se met pas les mains dans la peinture ? Pourtant il ira beaucoup mieux s’il le fait.
Mais cela lui semble dégradant, dévalorisant parce que ce qui a de la valeur est toujours placé sous le signe de l’immatériel, de l’intellectuel mais aussi du sec
Dans mes séances j’associe ressenti psycho-corporel, art-thérapie et psychanalyse ; thérapie non verbale et verbale: ressentir, toucher, créer, comprendre, partager
Fermer les yeux, respirer, lâcher prise
Le fait de fermer les yeux permet d’occulter son propre jugement et celui des autres et donc permet de laisser parler le corps. C’est l’inconscient somatique qui s’exprime alors en images. La création n’est pas guidée consciemment. C’est un travail non verbal.
La relaxation par la respiration les yeux fermés permet de rentrer dans un état modifié de conscience qui favorise le lâcher prise dans le travail avec la terre. Il m’arrive d’utiliser l’hypnose dans mes séances .
D’où cette sensation de rêve éveillé ou naissent des images. Nous pouvons ensuite parler des images qui sont venues à cette occasion.
Ressentir de manière personnelle
Cet état modifié de conscience permet de se centrer sur son ressenti corporel et de se laisser guider par un rythme personnel où les gestes des mains sont en harmonie avec la respiration et détente de tout le corps.
La lenteur est importante.
Il s’agit de se défaire d’une temporalité corporelle liée à l’utilisation du corps pour les tâches quotidiennes pour retrouver la lenteur d’une temporalité personnelle biologique. Il s’agit de ne plus se projeter dans le futur mais d’exister pleinement au présent.
Lâcher l idée du résultat permet de retrouver la dimension du jeu par lequel l’enfant expérimente le monde.
Le fait de travailler avec les deux mains en même temps fait bouger tout le haut du corps et donc le cerveau droit en même temps que le cerveau gauche, la zone des affects en même temps que la zone intellectuelle. Je fais travailler au sol pour permettre pour permettre une gestuelle avec le bas du corps. Je fais peindre au sol ou au mur ce qui permet une expressivité de tout le corps, idem avec les deux mains et les yeux fermés au départ.
Une psychothérapie par le toucher
Nous abordons ici l‘importance du toucher dans cette thérapie que je propose Se recentrer sur le toucher est favorisé par le fait de commencer les yeux fermés. Je pense que une de mes spécificités d’art-thérapeute tient dans cette approche sensorielle par le toucher qui met en jeu tout le corps conjuguée aux yeux fermés.
Ce moment de contact avec la terre ou la peinture permet de retrouver l état psycho-sensoriel du bébé voire du foétus ou le moi est entièrement un moi-corps. Alors il n’y a pas de séparation entre le ressenti corporel et l’intellect .
le sentiment de réalisation de soi: créer
Lorsque la personne ouvre les yeux, arrive en général un étonnement puis souvent un sentiment de fierté d’avoir pu créer et donner forme à un vécu profond et personnel. L’objet concrétise une image de soi et il y a un sentiment de réalisation de soi. La personne se revalorise . L’ art thérapie permet la re-mobilisation des pulsions de vie par la création. Par le re-investissent positif du monde , le plaisir d’être est retrouvé.
Les mots écrits de manière automatiques permettent de passer du non verbal au verbal avant la prise de parole. Ils sont une transition de l’inconscient vers le conscient.
la psychanalyse: le retour à l’enfance
La sensation physique des deux mains avec la terre renvoie chacun à l’enfance voire, il me semble, à la vie intra-utérine. Ce qui expliquerait dans les créations l’évocation de l’enfance et de la mer ( ou de la mère). En effet le bébé découvre le monde avec le toucher et dans l’utérus il prend conscience de lui-même grâce à ce toucher avec l’eau qui entoure tout son corps. La résistance qu’oppose l’eau au toucher de la main est similaire à la résistance que lui oppose la terre.
Ce toucher doux de la terre ou de la peinture renvoie aussi au contact avec la mère. Ce contact avec l’eau qui caresse et masse est simultané à une perception totale d’un soi séparé et en relation avec la mère. Plus tard ce sentiment d’existence par le toucher pour le foétus continuera avec les soins maternels prodigues au bébé donc également les caresses, puis par la découverte du monde en manipulant.
Ensuite vient l’interprétation symbolique de la création et du ressenti pendant le processus de création. Il s’agit de psychanalyse . J’essaie de voir avec elle ce qui se répète de l’enfance dans sa création et dans ce qu’elle a ressenti en créant, ce qui symbolise son histoire. Par l ’analyse de bloquages pendant le processus de création on peut aussi aider la personne à modifier un comportement en l’aidant à imaginer des alternatives pour créer autrement: utiliser d’autres matériaux, couleurs, prendre son temps. ne pas s’obliger à..
Le partage avec l’autre
Arrive la prise de conscience par le partage avec l’autre : le thérapeute et/ou le groupe. Chacun peut s’appuyer sur les projections de l’autre pour découvrir dans sa création plus qu’il n’y voit. Les images (dessins, peintures, modelages, photos, théâtre-image) sont plus susceptibles de projections que les mots qui enferment un peu plus le sens.
Par les mots on crée du commun. Les histoires peuvent se partager et les vécus de chacun raisonnent avec ceux des autres. On peut sortir de sa solitude, de sa culpabilité, de sa honte, c’est la dimension thérapeutique du social.
Cette période de confinement nous met tous à l’épreuve. Plus que jamais nous devons faire preuve de créativité pour lutter contre la dépression. L’art thérapie a ici toute sa place ainsi que la psychanalyse. Créer et parler c’est être en relation symbolique avec l’autre. À défaut de pouvoir faire autrement, je continue les séances d’art thérapie et de psychanalyse par téléphone . Ces séances me soutiennent et soutiennent les personnes : la relation continue.
L’oubli du corps et de la sensibilité
Plus que jamais nous réalisons notre besoin d’être en contact physique avec l’autre, en relation charnelle et non pas virtuelle parce qu’une relation humaine est une relation corps et âme et que l’un et l’autre ne peuvent se dissocier sous peine de déshumanisation. Le Corona virus nous fera peut-être réaliser qu’ aucune technologie, aucun robot, aucun e-mail ne saurait remplacer la rencontre entre deux êtres humains, en chair et en os. Lorsque le confinement prendra fin nous devrons tirer les conséquences de cette prise de conscience et lutter contre la déshumanisation croissante de la société et des relations humaines.
L’ordinateur nous fait oublier que nous sommes un corps en relation constante avec l’autre et la nature. Nous ne sommes pas des êtres tout-puissants capables de vivre sans les autres et sans cette nature que nous sommes en train de détruire. Respecter son corps, sa temporalité incarnée , respecter la nature et les animaux , c’est se respecter en tant qu’être humain doué de sensibilité. C’est accepter aussi que nous puissions être malades et confrontés à la mort, ce que la course internationale au profit veut nous faire oublier . Non l’hôpital, les maisons de retraite ne doivent pas être des lieux de profit mais des lieux de soins ou le respect de l’humain doit primer. Arrêtons cette course pour retrouver notre sensibilité, être en harmonie avec notre corps, les autres, la nature. Acceptons notre affectivité c’est-à-dire notre ouverture au monde.
Psychanalyse et voix
Le langage du corps et du visage manquent mais la voix permet quand même une psychanalyse attentive qui passe par les mots, les intonations, les silences. Les émotions sont perceptibles à travers la corporéité de la voix que ce soit la mienne ou la vôtre. A mon sens la voix crée une relation plus profonde que la visioconférence qui est sans cesse parasitée par les problèmes technologiques comme le décalage du son et de l’image.
Vous pouvez dessiner, peindre, modeler chez vous et pour ceux qui ont accès à la nature, faire du land art c’est-à-dire créer avec des matériaux naturels. Vous pouvez mettre en scène vos créations et envoyer des photos juste avant la séance pour que nous puissions en parler.
La photographie devient alors un moyen d’expression créatif supplémentaire puisque vous vous exprimez aussi dans la prise de vue, le cadrage, la lumière, la mise en situation de vos oeuvres. Le choix des photos envoyées a aussi un sens. Lorsque nous sommes au téléphone, vous pouvez parfois dessiner et m’envoyer la photo en cours de séance.
Une relation thérapeutique à distance ?
Même si vous créez seuls chez vous la relation thérapeutique ne s’interrompt pas dans le sens où je suis présente symboliquement dans ce moment de création. En effet vous savez que vous aurez à m’envoyer des photos. Bien que je ne sois pas physiquement présente à ce moment-là, je suis présente à votre esprit .L’acte de création peut donc continuer à s’inscrire dans le cadre de la relation thérapeutique.
Il convient quand même d’être prudent dans ce dispositif étant donné que je ne peux pas vous accompagner au moment de la création. Les créations ne sont donc pas obligatoires entre chaque séance: il faut que vous « le sentiez »
Les séances par téléphone durent une heure ou deux , nous expérimentons pour voir la durée qui nous convient.
Le jeudi 29 novembre à partir
de 18h vous pourrez rencontrer les arts thérapeutes de l’ association
spécialisés en danse ( Margaux Caldi ), écriture ( Marie
Haloux ) , voix et thérapie psycho-corporelle ( Marie Lucas), arts
plastiques et psychanalyse ( Cécile Orsoni ), théâtre ( Anais Bossus ), peinture (
Isabelle Descanevelle). La présidente de l’ association Maryse du Souchet-
Robert, pionnière de l’art-thérapie en France, nous fera l’honneur de venir parler de ses livres tel que Art-Thérapie, Autisme et Dysléxie, Les
enfants Lucioles.
Nous présenterons le déroulement de nos séances d’art-thérapie transversale en petit groupe qui débuteront en janvier 2019 et notre programme de recherche ouvert aux art-thérapeutes et art-thérapeutes en
formation : des séances d’analyse de pratique en art-thérapie
pour les arts thérapeutes professionnels ou en formation qui débuteront aussi en janvier.
Qu’est- ce que l’ art-thérapie ? Exposition pédagogique d’ art-thérapie
Une exposition d’art-thérapie
sera également visible : chaque art-thérapeute exposera son travail avec
les patients dans le but de faire comprendre aux
visiteurs le processus de l’ art-thérapie et comment se déroulent
les séances pour chaque médiation. Cécile Orsoni exposera des peintures de patients réalisées en 2017-2018 ainsi qu’une
projection vidéo avec une séance
filmée ou la danse et la peinture sont utilisées. Margaux Caldi
commentera un film de danse thérapie . Vous pourrez entendre le travail
thérapeutique par la voix de Marie Lucas et lire aux murs
les ateliers d’écriture de Marie Haloux.
Le but de cette exposition
n’est pas uniquement de voir des œuvres d’art thérapie comme on peut en
voir dans les expositions d’art brut mais de faire
comprendre au visiteur ce qu’est l’ art thérapie par un dispositif
de mise en scène spécifique et par la présence des thérapeutes pendant 4
jours dans le but de vous expliquer leur travail avec
les patients.
Concert le
dimanche 2 décembre à 16h: Docteur Badache & Friends vont vous soigner ( ou swinguer ?) !
Pour terminer cette fête en beauté Docteur Badache, membre de l’ association, auteur-compositeur-interprète, psychosociologue, sociologue
clinicien nous fera l’honneur d’ un concert tres privé !
Il nous fera swinguer avec ses tres belles chansons à texte sur des musiques tres éclectiques , éléctriques,
multi-ethniques !
René Badache, non content d’avoir fait la première partie de Claude François et de The Animals en 1966 à l’ Olympia est:
Musicien accompagnateur d’Alex Métayer entre
1977 et 1982.
Auteur Compositeur interprète. Dix disques
enregistrés entre 1966 et 2002 avec notament le groupe J.J. et Beb
Chanteur leader du GRUPO LADINO (musique de
tradition judéo-espagnole).
A Aulnay-sous-bois (Seine-Saint-Denis), dans une unité spécialisée dans l’accompagnement du traumatisme, un atelier utilisant l’art comme médiation thérapeutique vient d’être mis enplace. Son objectif?Aider les patients à se réapproprier leurs émotions? Sophie Boutroul
Faire une psychanalyse pour arrêter de répéter une situation de souffrance.
On entame une psychanalyse pour aller mieux. Plutôt
que de compter sur sa bonne étoile en espérant qu’un jour les choses
s’arrangent par miracle; on décide de donner un coup
d’accélérateur à son existence . Certes on peut réussir à changer
par un long travail de réflexion mais souvent que de temps perdu à
tourner en rond ! En effet vous n’irez pas au fond des choses
tout seul par ce que vous ne vous y obligerez pas. Alors que la
présence du psychanalyste vous y obligera par le cadre rassurant de la
psychanalyse, par ses questions et par son soutien. Il vous
aidera à analyser ce que justement vous avez du mal à aller voir et
donc d’évoluer beaucoup plus vite.
Remonter aux causes
Il existe de nombreuses psychothérapies .La spécificité de La psychanalyse : vous permettre de remonter aux causes de vos « problèmes ». En quoi comprendre permet
de se sentir mieux ?
Le processus de prise de consciencepermet de restaurer une maitrise de soi
par ce que vous êtes alors moins dominé par des émotions
contradictoires, des
impulsions qui peuvent être très destructrices . Par exemple si vous
êtes d’une grande susceptibilité et que vous vous mettez vite en
colère, quand cette situation se répètera vous pourrez vous
dire grâce à la psychanalyse: » Je sais d’où cela vient, ce n’est
pas cette personne en particulier qui me met en colère mais c’est par ce
que ça me rappelle mon père qui me critiquait
toujours.. » Alors votre colère va diminuer et vous vous sentirez
fier de cette maitrise . Vous aurez donc aussi une meilleure estime de
vous.
En intégrant la démarche psychanalytique vous intégrerez aussi un savoir psychologique sur vous même, vous aurez appris à connaitre votre désir et à faire confiance à votre
réflexion. Vous devenez libre de vivre et de penser selon vos propres critères et non selon ce qu’on veut pour vous.
De plus le fait de parler de vos angoisses permet de les diminuer fortement . Pourquoi ? Par ce qu‘en la nommant l’angoisse ne circule plus librement dans votre esprit et dans
votre corps ( ce qui est terrifiant ) mais elle est désormais liée à une représentation.
Enfin en apprenant à connaitre la part inconsciente de vous même
vous retrouvez un sentiment d’unité c’est ce qu’on appelle « être en accord avec soi même.
Quel enfant étiez vous?
La psychanalyse vous fera voyager dans votre enfance
voire votre toute petite enfance (la vie intra-utérine en fait partie)
pour comprendre les relations qui vous ont structurées
et vous structurent aujourd’hui : relations avec vos parents, frêres
et soeurs, grands parents, éducateurs etc..Elle vous permettra
également de remonter à des évènements oubliés
qui ont eu sur vous un impact et impactent encore votre présent.
Ce processus de l’analyse est un processus de prise de conscience , rendre conscient ce qui en vous agit inconsciemment et en comprendre le sens. Pourquoi mes relations
amoureuses tournent à l’ échec? Pourquoi suis-je souvent déprimé? Pourquoi ais-je un tel manque de confiance en moi ?
On pourrait dire qu’il s’agit de comprendre quel enfant agit en vous
et vous empêche de devenir celui que vous aimeriez être. Mais cet
enfant a aussi de grandes ressources qu’il
s’agit de remobiliser ! L’enfant que vous étiez et l’ adulte que
vous êtes pourront grace à la psychanalyse travailler main dans la main.
Vous vous sentirez moins coupé de vous même, fragile,
plein de contradictions mais plus fort et plus « un ». C’est ce que
Jung nomme le processus d’individuation.